Pas mal de rouennais sans doute ont encore en mémoire les incidents qui ont accompagné la mise en place et l’exposition « Taj Mahal sur Seine » de l’été 2001. Le Taj Mahal, comme tout être un tant soit peu civilisé sait, est un palais construit par Shâh Jahân en mémoire de son épouse dont le nom le plus connu signifie, une fois traduit, « Lumière du Palais« . Là-bas en Inde Il est édifié au bord d’un méandre de la rivière Yamuna, un affluent du Gange. Plus de 1 000 éléphants auraient été employés pour transporter les matériaux de construction durant l’édification. Le marbre blanc est extrait du Rajasthan, le jaspe vient du Pendjab, la turquoise et la malachite du Tibet, le lapis-lazuli du Sri Lanka, le corail de la mer Rouge, la cornaline de Perse et du Yémen, l’onyx du Deccan et de Perse, les grenats du Gange et du Bundelkund, l’agate du Yémen et de Jaisalmer, le cristal de roche de l’Himalaya. En tout, vingt-huit types de pierres fines ou ornementales polychromes ont été utilisés pour composer les motifs de cette marqueterie de pierre incrustés dans le marbre blanc. Le Taj Mahal est considéré comme un joyau de l’architecture moghole, un style qui combine des éléments architecturaux des architectures islamique, iranienne, ottomane et indienne.
La maquette qui fut mise en place n’était pas en volume mais en 2D (budget 3D en volume refusé et techniquement difficile), un immense panneau plat et découpé en silhouette sur lequel était peint le palais en trompe-l’œil. On discerne sur la photo encore 2 madriers qui soutiennent le panneau en attendant la pose définitive de poteaux droits de soutient derrière chaque minarets. Avec le recul l’impression de volume était réelle et sur les photos on y voyait que du feu.
Mais des esprits bornés venus des franges extrêmes se mirent en tête que ce palais était une mosquée venue menacer l’intégrité nationale et la République, et menèrent une campagne assez odieuse auprès de la population surtout péri-urbaine peu au fait de ce monument et de sa vraie nature. Il y eut défilés, manifestations, pétitions, blocus sur la place pour empêcher inauguration et l’ouverture au public. Les médias locaux eurent beau faire à expliquer l’histoire et la fonction du Taj Mahal, il restait un groupe assez important et assez déterminé pour perturber cet évènement : quand on est cons on est cons. Suite à de multiples dégradations et tags racistes et offensants un barriérage fut mis en place, empêchant les rouennais de profiter pleinement de cette superbe reproduction qui fut démontée une nuit sans tambour ni trompette. Ainsi s’acheva un peu dans la confusion le centenaire de l’amitié Indo-Rouennaise, gâché par des ignares pilotés, on le sait maintenant, par des instances politiques toujours prêtent à saloper les élans d’amitiés, de paix et d’universalisme auxquels aspirent les peuples, le peuple, le vrai.